mardi 6 avril 2010

Visite en prison

Il y a des clôtures de douze pieds surmontés de barbelés. Il faut passer deux guérites à l'entrée, montrer une pièce d'identité, déposer son sac, son cellulaire, signer un registre. On n'entre pas en prison comme dans un moulin. A l'intérieur, les lourdes portes de métal claquent, au bout de corridors interminables.
Il y a la «wing» de la sécurité maximale, où sont «hébergés» les gangs de rues et les motards criminalisés. Il y a l'infirmerie, où on garde les détenus qui ont des problèmes de santé mentale. Il y a l'aile dite de «protection», où sont gardés les pédophiles, les violeurs, bref, les détenus qui auraient toutes les chances de connaître un mauvais sort si on les mêlait au reste de la population carcérale.
Pour l'heure, les détenus en protection sortent de leur cellule: le décompte vient de se terminer. Quatre d'entre eux sont dans la cour, toute petite, entourée de murs de béton si hauts qu'ils cachent le ciel. Ils se lancent une balle de baseball. Les gardiens sont à leur poste, à l'intérieur, derrière une grande baie vitrée.
La balle arrive à toute vitesse sur le cadre de cette grande fenêtre. Le claquement, fort et soudain, fait sursauter tout le monde.
Le détenu qui a lancé la balle regarde les gardiens, un léger sourire aux lèvres.

1 commentaire:

  1. Tu as bien saisi l'univers carcéral. Je suis rentré plus de 700 fois en Centre de détention, auprès des longues peines, pendant 6 années en qualité d'artiste intervenant. Il y aurait beaucoup à écrire sur tout ce que j'ai vu et vécu. Je n'ai jamais réellement pu le faire, me contentant de ne pas l'oublier.
    Je comprends très bien que d'autres puissent le faire si la démarche est honnête.

    Bonne soirée,

    Roger

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