mercredi 7 avril 2010

Intervenant extrême

Marc Lardin est psychoéducateur. Depuis quinze ans, il travaille avec les clientèles les plus poquées. Ex-détenus, toxicomanes lourds. Sa spécialité: les projets «extrêmes». Des entreprises casse-gueule avec une clientèle à haut risque.
Comme ce voyage, organisé il y a deux ans, avec huit jeunes toxicomanes. Toxicomanes, on s'entend, pas avec du petit stock: crack, cocaïne, amphétamines. Marc a pris ces huit jeunes de 20, 25 ans, qui consommaient depuis des années. Ils avaient tous des troubles de comportement, d'énormes difficultés sociales.
Il les a emmenés dans un chalet, en pleine nature. Aucun accès possible à de la dope. Tout le monde a fait son sevrage entouré de verdure. Il leur a donné des cours d'anglais, des ateliers de développement personnel, mais aussi de navigation. Parce qu'après ces quinze semaines passées dans un petit chalet, les jeunes allaient naviguer à la voile dans le golfe du St-Laurent pendant près de deux mois.
Ils ont vogué sur la baie des Chaleurs, ont débarqué aux Iles de la Madeleine, à Sydney, en Nouvelle-Écosse.
«Ils ont navigué, mais ils ont surtout négocié», rigole Marc en racontant leur grande aventure. «Quand ça pétait, il fallait ramasser tout ça.» Et c'était Marc, bien sûr, en tant que seul adulte intervenant sur le bateau, qui «ramassait tout ça.» Marc, un roc de calme, de solidité, de fermeté tranquille. Cool, mais exigeant. Compréhensif, mais franc. «Les gens savent que je vais leur dire si leurs affaires n'ont pas d'allure.»
Après 23 semaines de cohabitation, de négociation, d'aventure, la vie de ces jeunes a été transformée. «Ils ont réussi à arrêter la consommation. Tous, ils ont trouvé un but dans la vie. Ça a été une réussite», dit Marc. Une jeune est retournée aux études. L'autre est devenu gérant de resto.
Marc croit fermement qu'une telle expérience, «qui frappe», contribue à redonner à ces jeunes ce dont ils ont manqué dans leur petite enfance, ce que leurs parents n'ont jamais réussi à leur donner: le sentiment d'être aimé.
«Si on les replonge dans un contexte intense, ils vont réapprendre. Si on les bombarde de défi, d'énergie, on peut réussir à les reprogrammer.»
Si Marc faisait sa maîtrise en psychoéducation, ce serait son sujet. Maudit beau sujet.
Et pour le bateau, je te lève mon chapeau bien haut, Marc.

2 commentaires:

  1. Intervenant extrême.
    Quelle belle histoire de vie. Merci de la transmettre. Monique H. Messier

    Choississez un profil ? J'ignore ce que cela veut signifier.

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