dimanche 18 octobre 2009

Le violoncelliste grincheux

Il a une tête de figurant dans un film en noir et blanc qui raconterait les saloperies des nazis. Il est vieux, cheveux épars, nez un peu gros. Toujours vêtu d'un pantalon sombre et d'une chemise blanche. Il joue du violoncelle, station Crémazie.
Contrairement à la plupart des musiciens du métro emportés par leur air, lui joue par petits à-coups, qui suivent les vagues d'usagers déferlant des escaliers mobiles. Il joue d'abord avec un grand sourire. Quelqu'un lui donne? Il continue avec un enthousiasme décuplé. Dans le cas contraire, il arrête et désigne avec son archet les quelques pièces esseulées dans son grand étui noir. Il touille les trois pauvres petites pièces en engueulant dans un sabir incompréhensible ces passants incultes et pingres.
Est-ce du polonais, du russe, du yiddish? Aucune idée.
Et quand il n'y a plus personne, eh bien, il ne joue plus.

2 commentaires:

  1. Il sévit aussi souvent à Jean-Talon. J'ai toujours pensé que c'était un des vieux Italiens du quartier, il sont nombreux, grincheux et fiers. Et ils me font sourire.

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  2. Il faudrait apprendre à jouer simplement pour le plaisir, même lorsqu'il n'y a plus personne. Comme il faudrait écrire pour le plaisir, même s'il n'y a personne pour lire. Mais c'est difficile, n'est-ce pas? Si difficile décrire, simplement pour le plaisir.

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