Si vous croisiez Big J dans une rue de Montréal-Nord, son habitat naturel, je parie que vous éviteriez son regard. Comme quand on croise quelqu'un dont on a -un peu- peur. Big J, comme son nom l'indique, est grand et baraqué. La dernière fois que je l'ai vu, il portait un immense chandail des Steelers de Pittsburgh. Pour les ignares du sport comme moi, c'est une équipe de football. Couplez le chandail à un flot de dreadlocks encapuchonné dans une casquette molle de rasta et de grosses lunettes fumées. Évidemment, avec un look pareil, vous vous doutez bien qu'il est Noir.
Avouez-le. Vous croisez Big J dans les rues de Montréal-Nord, et vous pensez: gang de rue. Vous regardez droit devant vous et vous avez un peu peur.
Mais en regardant droit devant vous, vous avez probablement manqué son sourire. Or, c'est quand il sourit que Big J révèle sa vraie nature. Il a des fossettes sur ses grandes joues. Des dents bien alignées, de grandes palettes. Un sourire de ti-cul. Et c'en est un. Un ti-cul de Montréal-Nord.
Il a maintenant 30 ans et il travaille aux Fourchettes de l'espoir. Vous savez, l'organisme communautaire situé coin Pascal et Rolland. En plein là où les voitures ont pris feu en août 2008.
Il y a quelques temps, Big J et son ami Gethro Auguste, ont organisé des rencontres électorales en plein dans le Bronx de Montréal-Nord. Des rencontres qui se tenaient au café Lakay, un boui-boui qui sert de la bouffe haïtienne. Un comptoir, quelques tables. Et des candidats.
Dans la salle, il y avait des jeunes et des vieux. Pour la plupart, des gens politisés, qui ont posé de bonnes questions.
Mais l'intéressant, dans cette soirée-là, était dehors. Devant le resto.
Là, il y avait des jeunes qui flânaient. Pardon, qui chillaient. Ils écoutaient. Ils n'osaient pas entrer. Pas cette fois. Mais ils ont vu, pour la première fois, des candidats aux élections se pointer chez eux. Chez Lakay. Ils ont vu qu'on pouvait leur poser des questions. Des vraies questions.
Et ça, ça vaut probablement quinze tables de concertation.
mercredi 14 octobre 2009
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire